Noël ! C'est le grand jour où les pauvres cochons
Pour satisfaire à nos gourmandises farouches
épidémiquement crèvent comme des mouches,
Guettés par la pistache et les froids cornichons.
En cette eau de boudin dont nous nous pourléchons,
Ils terminent, repus, leurs existences louches,
Tels des enfers béants nous leur ouvrons nos bouches
Où brûlent leurs débris dans l'alcool des cruchons.
Pour les parer de noir, les hommes, ces tartuffes,
Leur ont cyniquement fait déterrer leurs truffes !
O martyrs embaumés, dormez !... Voici Noël !
Le charcutier ne sait où donner de la hure :
Il se frotte les mains, car la recette est sûre,
Et, bien que franc-maçon, il bénit l'Éternel.