MAÇONNERIE sans cédille...
MM\
TT\CC\
FF\ en vos
grades et qualités…
Dans cette planche,
justement, je vais parler de " qualités "… c'est-à-dire
selon la définition de ce mot : la manière d'être, plus ou moins
caractéristique… ou plus précisément : l'élément de la nature
d'un être permettant de la caractériser…
Aussi, je voudrais écarter
une interrogation qui pourrait poindre dans vos esprits… Évidemment,
nous serons amenés à évoquer quelques exemples vécus, quelques
figures particulières croisées sur les colonnes.
Comme il sied à nos
principes, nous nous interdisons de dévoiler la qualité maçonnique de
quelqu'un d'autre, encore moins sa connerie : la simple description
suffira, d'ailleurs je suis sûr que celui-ci (le con) ou celle-ci est
assez con pour ne pas se reconnaître, ce qui ne m'empêchera pas de
taire son nom.
Le champ vaste que j'ai
tenté d'étudier dépasse largement l'enclos restreint de notre
Atelier, donc de chacun de nous. Aussi, si certains croient se
reconnaître au détour d'une phrase, je voudrais qu'ils sachent que
toute ressemblance avec une personne vivante ou ayant existée n'est que
le fruit de leur imagination ou peut-être… de leur prise de
conscience…
|
Armando
|
Donc, ma toute récente
ancienneté de Maçon Maître, car cela commence à compter !… Donc cette
ancienneté fait que j'ai appris auprès de Mes Très Chers Frères beaucoup de
choses, et entre autres comment faire une planche :
- Primo, faire une intro avec un mot d'humour.
- Secundo, recopier deux ou trois définitions du dictionnaire concernant le
thème principal de sa planche… Important l'étymologie, que maintenant
certains appellent la sémantique… Important, même si cela n'éclaire en rien
nos esprits.
- Tertio, se poser la question : si la question posée est bien posée ?
- Quarto, citer 15 lignes d'un ouvrage écrit par un éminent Maçon (Ça, c'est
pour la caution maçonnique). Et dire qu'on est d'accord…
- Et que ce n'est pas si simple en cinq, et dire tour le contraire…
- Pour finir par un appel à l'érudition des FF\
qui ont subi cette planche.
Donc, je vais tenter de respecter
cet ordre des choses en abordant un sujet difficile. Vous le savez, je n'ai
jamais reculé devant la difficulté. Mes recherches m'ont ainsi conduit à poser le
problème de la connerie et de la Maçonnerie…
Si rien de ce qui est humain
n'échappe a la Maç\ ,
la connerie (et en particulier sa connerie) fait bien partie du champ d'étude
auquel il nous faut aussi nous attaquer. Reste à savoir, si la connerie a sa
place en maçonnerie.
Le seul parallèle possible est que
comme la Maçonnerie, la connerie est universelle, elle ne connaît ni
frontière ni race ni religion.
Ainsi, le champ d'étude est vaste,
pour ne pas dire incommensurable (comme on dit de la connerie de quelqu'un pour
qualifier l'ampleur de sa connerie…).
Il me faut avant tout baliser notre
chemin…
- sujet principal de définition (qu'est ce que c'est, que revêt-elle ?)
- d'observation (où et comment opère-t-elle ?)
- d'analyse (quels en sont les processus profonds et "secrets" de
fonctionnement ?)
- et de tentative d'éradication (comment en prendre conscience, comment en
sortir soi-même, comment favoriser sa dissolution).
Effectivement, pour aborder
l'ensemble de ces questions, une réelle science de la connerie est nécessaire.
Par modestie, je ne prétends pas m'y connaître plus que tout autre, mais à
Maçon rien d'impossible, témoin toutes ces feuilles noircies d'une exploration
douloureuse et savante…
Osons une approche sémantique de la
connerie, car autant évacuer la connerie anecdotique ou événementielle… De
celle qu'évoque le prix Nobel de littérature Claude Simon dans son roman La
Vent : " Et puis maintenant j'en peux plus. Je fais peut-être une
connerie, mais je n'en peux plus. "
Je vous demande plutôt de vous
concentrer et de considérer la connerie comme un état, de celui désigné par
Raymond Queneau dans Les Fleurs Bleues, je cite :
" Tâche (...) qu'elle ne soit ni moche ni trop conne, la fille.
- J'essaierai, dit Albert. Pour ce qui est du minois, je m'y connais, mais la
connerie, c'est parfois insondable. "…
Je parlerai donc ce soir de la
connerie insondable…
Et je ne peux que me montrer insatisfait devant les définitions du Grand Robert
à 9 volumes qui présentent la connerie en ces termes :
1. Imbécillité, absurdité ; bêtise. " Tout ça, c'est de la connerie,
de la connerie en branche ! "
2. Action ou parole inepte. Faire, dire des conneries. " Arrête tes
conneries ! " Situation, chose absurde. "Quelle connerie la
guerre" (Prévert) "
Peut-être faut-il chercher du côté
du mot dont il est dérivé ?… Au mot " con ", on trouve, entre
autres, je ferais grâce du détail…
*I- N. m. CON. Érotique. Sexe de la femme. > Sexe; vagin, vulve. - Pubis de
la femme. > Chatte (fam.). "
- Va pour cette première définition…
*II- (Av. 1831, Stendhal, selon Mérimée [- ci-dessous, cit. 4], adj.; nom,
1791; semble issu de la comparaison " Comme un con ", appliquée
dépréciativement à une activité virile; ce sens subit probablement
l'influence de conart [-Conard]). Fig.
1- Adj. CON, adj. m. et f. ou CON, CONNE [kö, kón], adj. Imbécile, idiot. Ce
qu'il peut être con ! Elle est vraiment con. - Loc. Con comme la lune. - (Au
fém.) Elle est vraiment conne (-cit. 8). Une histoire, une question conne.
- Ici, nous approchons de la connerie à l'état pur…
2- N. (1790, in D.D.L.). Imbécile, idiot. Quel con ! C'est un sale con, un
méchant con. Passer, être pris pour un con. Le roi des cons. Pauvre con, petit
con, va ! Un jeune con, un vieux con. Bande de cons. Mort aux cons !
(Exclamation à laquelle le général de Gaulle aurait répondu par ce
commentaire : "Vaste programme !"; - Programme, cit. 4.1). Piège à
con(s). Faire le con, jouer au con : se conduire d'une manière absurde. Jeux*
de con. (Ne) fais pas le con : sois raisonnable.
- Nous voyons ici toute l'étendue des ravages dont la connerie est capable…
et qui n'échappe pas aux femmes puisqu'en 1872, Larchey crée le néologisme
féminin CONNE : idiote. > Conasse.
Je ne peux laisser de côté, sans
m'attirer les foudres de certains de mes FF\
, un essai d'interprétation lacanienne qui révèle, ce que d'aucuns auront
deviné sans lire les oeuvres de l'éminent intellectuel qu'est Lacan: que dans
Maçonnerie, il y a déjà… connerie (la cédille n'étant qu'un avatar
orthographique alors que les deux étymologies reconnues du mot " maçon
" sont d'une part le bas latin makôn, d'autre part l'anglais avec "to
make").
Dans Maçonnerie donc, il y a déjà…
connerie. Non seulement elle y est déjà, mais elle est mienne. Ma connerie. Ce
qui dans le contexte maçonnique n'a rien de surprenant, puisque l'initiation
étant une démarche personnelle, le " MA " pose avec précision
l'identification et la personnalisation.
Pour résumer, on peut avancer
l'idée que la connerie peut être un acte de connerie unique en soi, qui
correspond sans doute à un con texte, mélange de circonstance, de culture,
d'état de l'esprit, et même du corps. La connerie considéré comme un
dérapage.
Avec la connerie nous manipulons
sophismes et syllogismes. C'est le : Untel est un con, je l'ai reconnu comme tel
parce qu'étant con moi-même, je m'y connais. Mais si je suis con, ne puis-je
donc pas me tromper ?
La connerie est difficilement démontrable scientifiquement ; ne serait-ce que
pour des raisons de validité du protocole et de qualité de l'observateur.
Cependant, je vais prendre le risque
ce soir d'avancer modestement quelques pistes qui permettront peut-être de
débusquer la connerie. Je vais donc me cantonner à la connerie maçonnique en
tant que connerie spécifique. Bien qu'elle ait des liens avec d'autres formes
de conneries : sportive, politique, médiatique, etc. (comme certains de nos
hauts dignitaires en ont pu apporter la preuve).
D'un point de vue symbolique,
primo, vous avez dû le noter, le mot CON comporte 3 lettres. Le " 3 "
qui renvoie à l'Apprenti qui (pardonnez-moi MM\
TT\ CC\FF\
Apprentis)… apprenti qui, pour ne pas être complètement con, l'est au moins
factuellement par rapport aux autres FF\
en se sentant légèrement con dans un monde qu'il découvre. Mais je tiens tout
de suite à les rassurer, si leur connerie est passagère (du moins je
l'espère), je voudrais leur préciser tout de suite que je ne crois pas que la
maçonnerie nous protège de la connerie, encore moins du con. Que l'on voit
même de très chouettes types (ou filles) qui, après quelques années de
maçonnerie, deviennent de vrais cons. Donc tout espoir n'est pas perdu. Je
voudrais leur raconter ce que m'a raconté une S qui éclaire mon propos :
" Une 2ème Surveillante expliquant a une jeune apprentie pourquoi il
n'était pas possible d'écrire sa planche avec un traitement de texte et qu'il
fallait écrire à la main : parce que nous sommes une tradition orale!!! "
Je vous laisse imaginer la tête de la jeune initiée devant tant de mystères
supposés !!!
Deuxio : le préfixe CON est
extrêmement usité en F\
M\. Y a plein de mots
qui contiennent le syllabe-clef " con " soulignant une symbolique
riche : le convent, pourrait être une réunion de cons qui brassent de
l'air...? et nos Lumières, des con-cierges ? notre houppe dentelée, une
con-jonction ? l'Orateur, notre Con-science ? Sans compter les mots-symboles :
CONnaissance, CON-stitution, CON-seil de l'ordre, CON-pas, CON-pagnon, etc., la
liste est loin d'être exhaustive. Vous commencez donc à entrevoir l'extrême
importance de ce mot.
Tertio, en F\
M\ , La connerie se
révèle être un matériau élémentaire : vile et nocive comme le plomb que
nous tentons de transformer en or… dur et blessant comme la pierre brute, qui
une fois taillée, puis polie deviendra intelligence (résultat de l'application
symbolique de nos OUTILS : compas, équerre, règle, niveau, fil à plomb, mais
aussi levier et... truelle !) au sens le moins "mécanique" mais le
plus humain du terme.
Il faut sans doute faire la différence entre une connerie ponctuelle (À ce
titre, nous pouvons dire que nous sommes tous cons. Je le suis, nous le sommes,
vous l'êtes, oui MM\
TT\CC\
FF\ vous l'êtes aussi…
Que celui qui n'a pas dit de connerie lance la première… connerie…)…
Faire la différence entre une connerie ponctuelle et une connerie répétitive,
voire systématique, la connerie comme un état permanent, comme un état
immanent.
C'est plutôt de cette dernière que
nous allons traiter. Alors reposons encore une fois la question :
Qu'est-ce que la connerie ?
Est-il possible de la définir
autrement que subjectivement ?
La connerie est-elle le contraire de
l'intelligence ?
Pour répondre, admettons un instant
que la connerie ne soit pas le contraire de l'intelligence tel un pavé
mosaïque, le con pourrait ainsi, dans certains cas, se montrer intelligent…
Mais il nous faut nous rendre à l'évidence, de multiples expériences ont
démontré que, 3 fois hélas, le con est dénué d'intelligence, mais il peut
être pourvu de cette sorte d'intelligence qui peut le faire croire tel !!!
Il est donc tout noir ou tout blanc, comme on le sent... une sorte de pavé
mosaïque tout blanc ou tout noir… pour daltonien.
Triste con-stat.
2ème remarque : j'ai lu quelque part qu'il existe une gradation dans la
bêtise; ainsi le sot serait le moins atteint, l'imbécile se trouverait déjà
dans une situation plus grave (encore qu'il a peut-être la chance de faire
partie des imbéciles heureux), mais l'idiot occuperait le sommet, pour lui,
c'est la totale, il semble bel et bien incurable...
3ème remarque : existe-t-il un gêne de la connerie, et par là même naît-on
con ou le devient-on ? Question essentielle et fondamentale ! Concernant l'inné
et l'acquis. Si l'on naît con, peu d'espoir de guérison est permis. A moins
qu'un gigantesque Télécon offre les moyens suffisants à la recherche
médicale pour identifier, isoler et traiter le gène de la connerie ; mais
malheureusement, cela ne semble pas faire partie des priorités ni des
gouvernements passés et actuels, ni des hautes autorités scientifiques de ce
pays ou de la planète.
Si l'on devient con, pour nous Maçon qui croyons à la perfectibilité de
l'Homme, ce " devenir-con " en devenir (en développement) pose le
problème de la perfectibilité de… la connerie ; de son épanouissement en
maçonnerie par le simple fait des travaux en Loge qui tendent à la progression
de soi-même, donc de la connerie inhérente du con.
Apparemment, le terme con fait
abstraction de ces nuances… J'en déduis donc que traiter quelqu'un de con
reviendrait symboliquement à méconnaître l'ouverture relative des branches du
com-pas.
La connerie s'opposerait-elle alors au sens pratique ?
Et puisque nous sommes en maçonnerie
et puisque la maçonnerie n'a rien à voir avec le sens pratique. Pourrait-on
alors avancer, par syllogisme, que la connerie pourrait alors trouver tout son
champs d'expansion en maçonnerie (comme je viens de le dire)... ?
Sans doute la connerie est-elle ce
qu'on perçoit le mieux chez l'autre, son prochain. On sait tous à coup sûr
reconnaître un con, même tout un tas de pauvres, petits ou gros, de grands, de
sales ou de tristes cons... Voir même quelques connards... On sait même parfois
reconnaître en soi les prémices de la connerie... Mais ça, on le garde pour
soi, on se dit : mais quel con j'ai été, je suis etc. Mais on la ramène pas
en criant à qui veut l'entendre : eh vous avez vu, moi aussi, je suis con...
Non on se réserve ça pour son intériorité et on se met un mouchoir dessus...
Merde, faut quand même pas déconner, non ! d'autant qu'avec un peu de chance,
le con d'en face n'avait rien remarqué, c'est vous dire s'il est con...
Alors à la question sur
l'entrisme de la connerie dans nos ateliers, il est facile de répondre oui...
La connerie en loge existe, la preuve : je l'ai rencontrée...
Ce qui ne veut pas dire in fine
qu'elle est entrée mais tout simplement que l'on constate qu'elle est là,
qu'on la côtoie au minimum deux fois par mois, bref qu'en loge on est cerné
par les cons, il est d'ailleurs facile de reconnaître la connerie de l'autre
pour telle... Non ?... Allons, pas de modestie, un maçon pas plus con qu'un
autre a assez de jugeote et de perspicacité pour déceler la connerie là où
elle se trouve, d'ailleurs en loge, on ne dit pas d'un con qu'il est con mais
qu'il est limite, ou alors qu'il est gentil voir fraternel mais que "putain
! Faudrait quand même éviter de lui
confier une planche, un plateau etc."... J'en vois ici qui déjà se
reconnaissent, ben oui, fallait quand même pas me prendre pour un con... C'est
à la connerie qu'on reconnaît le con, à la connerie ou au gros tas de
conneries qu'il fait, quoique faire des conneries ne soit pas forcément du
ressort du con.
Maintenant admettons que si la
connerie est là, c'est que forcement, on l'a laissée entrer... Car rien dans
les Constitutions d'Anderson ne nous prémunit contre la connerie. L'impétrant
pour être accepté doit être "libre et de bonnes moeurs, etc. ...",
mais nulle trace du refus de la connerie...
Soit qu'on était trop cons pour la
déceler... Soit que l'on considère que c'est un préalable, ou du moins un
paramètre intéressant. Si on pose comme brique de base à notre analyse qu'on
est con d'accord, mais que bon, faut pas exagérer, je pencherai donc pour la
seconde hypothèse. On initie donc les cons en pleine con-science... Même des
cons qui s'ignorent... Surtout des cons qui s'ignorent mais qui ont en eux les
potentialités requises, bref, la capacité de le découvrir, de devenir donc
des cons conscients, partant du principe que lorsque l'on sait de quoi on
souffre c'est plus facile de se soigner, de rectifier... Sachant que le but de
l'Initiation n'est pas de rendre les hommes pas cons mais de les engager dans la
recherche sans fin de leur perfectionnement, de leur Éveil. La méthode
maçonnique vise essentiellement à l'élargissement de notre horizon, et en
modifiant notre vision du monde elle fait du con étroit d'esprit : un con large
d'esprit. D'ailleurs la Méthode repose pour majeure partie sur l'effort
constant que l'initié fait pour s'approprier une véritable Connaissance et non
un savoir pré mâché générateur de connerie.
Ainsi, si la première lettre nous
est donnée - " C " -, c'est à nous de trouver la seconde - " O
" -... Alors seulement la troisième nous sera communiquée - " C…O…N
!… " - ... C'est dire si cette méthode n'est pas si conne qu'elle en a
l'air... non ?
Faut-il être con pour choisir
d'entrer en maçonnerie ?
Peut on poser la question l'envers :
faut il être con pour le rester... ?
On vient s'y torturer l'esprit sans
aucun espoir de trouver de réponse à nos questions; lors qu'on se croyait
passablement intelligent, l'on se rend vite compte qu'il y a beaucoup plus
brillant que soi ; et plus l'on s'acharne plus l'on s'aperçoit que jamais,
finalement, l'on n'atteindra nos buts et que l'on n'a qu'à continuer à
travailler avec ardeur pour se rendre compte plus encore de notre infinitude...
connerie.
D'autre part quel niveau de connerie
faut-il ou ne faut-il pas pour être F\
M\ ? C'est une autre
question à laquelle nous tenterons de répondre…
Nous en venons à la question
cruciale qui a surgi lors de ce travail : Notre méthode initiatique,
permet-elle d'éradiquer la connerie ?
Faut-il être con pour se poser ce
genre de questions, ou faut il avoir été très cons pour ne se jamais se les
être posées ?
Un début de réponse : pour "
entrer " (je l'ai dit plus haut) on nous demande d'être libre et de bonnes
moeurs, jamais de faire preuve d'absence de connerie...
La porte est donc largement ouverte
aux cons, et plus il en entre, plus il en entrera, car telles sont les lois de
la cooptation !!!
Grâce à un F\
d'une Loge italienne, je vous livre un proverbe milanais qui éclaire d'un jour
funeste cet aspect de la chose : " La mère des cons est toujours enceinte
"… Vous comprendrez aisément et opportunément la menace que représente
la reproduction massive de cons dans un lieu clos qu'est celui d'une Loge.
Malheureusement nous sommes effectivement souvent assez cons, ou naïfs, ou trop
plein de magnanimité pour laisser entrer de ceusses qu'à Marseille on appelle
des "bien braves", estimant que leur future capitation améliorera la
trésorerie, et que leur caractère bonnasse les rendra inoffensifs pour
l'Atelier...
Lourde erreur ! Mais dire cela me
ferait qualifier d'intolérant… Pourtant - il faut bien le reconnaître- la
connerie est contagieuse, et ce véritable virus peut contaminer très
rapidement l'ensemble de corps sains, à leur esprit défendant et à l'insu de
leur plein gré.
Vous allez me dire que dans le cadre
de l'amélioration de la nature humaine, il nous incombe d'accueillir aussi les
cons… Mais, avons-nous vocation à être des thérapeutes de la connerie
chronique ?
Et imaginons un instant un Atelier
dont les FF\ ont, au
fils des ans et malgré eux, garni les colonnes de cons… C'est un exemple…
virtuel… imaginaire bien sûr… qui n'existe évidemment pas. Mais imaginons
un tel Atelier dominé par la connerie… A quel phénomène d'amélioration
allons-nous assister ? Il me faut tristement avouer que la connerie n'étant pas
consciente, par essence, et n'étant pas consciente de ses limites (de sa propre
connerie), elle a tendance à prendre les autres pour des cons, et
particulièrement sourde aux autres (pas forcement cons) elle aurait plutôt
l'inclinaison a prendre plus con qu'elle... La connerie va vers le bas et ne
souffre pas les hauteurs...
D'ailleurs, je voudrais vous
convaincre d'une chose. Il serait faux de rire et de sous-estimer les cons -
surtout Maçons -, car le con peut être intelligent… Le con intelligent
étant le plus dangereux. S'il fallait être affreux, bête et ignorant pour
être con, ce serait trop facile.
Cette connerie est quasiment
indécelable, celle du con intelligent et pseudo cultivé, celle qui se tapit
sous une couche épaisse d'une culture mal assimilée mais qui lui permet de
briller aux yeux des plus cons de la Loge....
Il y a aussi la connerie évidente à déceler : celle d'un F d'une Loge
déclarant il y a quelques années que l'appartenance au FN n'était pas
forcement une cause de non admission, est sans doute un con incurable...
Il y a la connerie sournoise, tel un virus planqué et qui siège aux fins fonds
de notre inconscient : tel F\
disant dans une planche que le Maillet du Véné était assimilable à la
massue, symbole de force virile....
J'ai parlé jusqu'ici des dangers de la connerie, mais en inversant la question,
posons-nous la question de l'utilité de la connerie…
Certains vont même jusqu'à dire que
les cons sont très utiles en Loge. En mettant en avant que la connerie, c'est
de ne rien dire par peur de dire des conneries, et mieux vaut un con qui lancera
le débat que deux ronflements.
D'autres (inspirés par les
préceptes de Lao Tsu dont celui-ci : " Si quand tu mets ton oreille contre
une jarre tu entends résonner, n'en déduit pas que c'est elle qui est vide.
") D'autres donc soutiennent que, si la connerie n'existait pas, comment
verrions-nous que nous ne sommes pas cons ?
Ce qui est intéressant dans ces deux
postulats, c'est que cette idée intègre l'idée de l'altérité...
1/ Altérité extérieure : voir des cons (partout !-)
2/ Altérité intérieure (notre propre contrôle)
Nous ne sommes pas con isolement
(isolement, on est toujours d'accord avec soi-même). Si nous voyons la connerie
de l'Autre, l'Autre aussi est témoin de notre propre connerie. Notre connerie
se révèle par rapport à l'Autre. C'est l'Autre qui nous montre nos limites,
nos contradictions, nos erreurs... C'est alors que nous avons le choix, soit de
persévérer dans notre connerie, soit de chercher l'erreur avec l'Autre...
C'est aussi ça la Maçonnerie.
C'est pourquoi notre bonne vieille
méthode est toujours d'actualité, à savoir :
- Avec le fil à plomb, descendre en soi-même, y découvrir, tapie au fond de
soi, la connerie, toujours prête à remonter se manifester en surface.
- Établir le niveau qu'elle ne devrait jamais dépasser.
- Ouvrir les branches du compas au minimum pour définir son rayon d'action
maximum.
- Rectifier par l'équerre les actes qu'elle pourrait diriger...
Mais malheureusement, ce qui me
parait navrant c'est que les cons sont devenus très agressifs. Il parait que la
faute en revient à Freud et à la psychanalyse. Avant Freud les gens étaient
cons, mais ne le savaient pas.
Depuis Freud, on le leur dit, et cela les rend méchants et vindicatifs.
" S'il faut être con pour être F\
M\ , notre méthode
initiatique permet-elle d'éradiquer la connerie ? "
Si je veux répondre à cette
question essentielle, je dois admettre notre méthode initiatique comme une
thérapie anti-connerie.
De là, j'en viens donc à interroger
cette méthode, le rituel et les outils qui servent dans ce rituel... En quoi
donc l'équerre, le compas, la truelle, etc. sont des armes anti-connerie ? À
la base, il n'y a pas plus con qu'un bout de bois, de fer, ou d'un alliage des
deux. Il n'y a que des cons pour trouver autres choses que ce qu'ils sont... Du
moins, le crois-je. De là à penser que cette méthode, loin d'être une
méthode anti-connerie, est en fait un instrument d'augmentation et de
densification de la connerie. Les exemples ne manquent pas : avec ceux qui
prennent des fils a plomb pour des modèles de rectitudes, ceux qui croient
irradier de lumière alors qu'ils ne rayonnent que de conneries, etc...
Pourtant… Pourtant, notre
travail symbolique n'est-il pas de chercher au-delà des apparences ? Faire
graduellement tomber le masque, personna, et se découvrir tel que nous sommes
en réalité ? N'est-ce pas là le moyen de faire reculer notre propre connerie
? La connerie que nous voyons chez les autres n'est-elle pas le reflet de notre
propre connerie ?
Mais alors la question se pose :
n'est-on pas un con de persister dans notre appartenance maçonnique ? La
méthode initiatique étant basée, selon moi, sur l'imprégnation, la réponse
est évidente.... La connerie finit par gagner tout le monde, et insensiblement
on devient.... un vieux con de la maçonnerie !
Quand je vois et entends certains
vieux (très vieux) cons du Suprême Conseil, je me dis que le but ultime à
atteindre est la Connerie Suprême, et que l'érudition maçonnique ( ou autre )
permet de faire abstraction de l'intelligence du coeur et de l'esprit.
D'aucuns à m'entendre vont me taxer
d'intolérance… En effet, MM\
TT\ CC\
FF\ , je dois vous
l'avouer : s'il y a bien une chose que je ne supporte pas et qui confine à
l'allergie, c'est bien la connerie… Serais-je pour cela un mauvais Maçon ?
Permettez-moi de poser l'éternelle question (en la replaçant dans la
thématique qui est la nôtre) : y a t il des limites à la tolérance... de la
connerie ? Je ne répondrai pas à la question, mais vous devinez ma réponse…
Je fais mienne cet aphorisme que chacun connaît :
" La Tolérance, c'est vivre avec des cons. La Fraternité, c'est ne pas
donner de noms. "
Je ne peux aborder tous les sujets
que recouvre le thème de cette planche, mais il me faut quand même aborder
l'aspect profane de la question dans sa relation avec la Maçonnerie.
à
chaque tenue, on nous demande de répandre la Lumière… Répandre la Lumière serait-ce alors une entreprise de "déconnification" ?...
Cette question signifierait-elle que
les Mac ne sont pas cons (ce qui laissent à prouver), et que le monde profane
est con (excepté les Mac sans tablier qui auraient échappé à la connerie)
?... Il semble bien que Mac et profanes soient aussi cons les uns que les
autres, mais que le Mac est censé disposer des outils nécessaires pour tenter
de limiter sa connerie... ce qui ne préjuge absolument pas de sa réussite ou
de son échec en la matière, ni de la qualité de sa Lumière !
Restant un idéaliste, voire un
utopiste (preuve d'insondable connerie ?) je continue à penser que les
planches, les interventions, les actions dans et hors la Loge des FF\
à peu près ou totalement "indemnes" permettent à certains de faire
des progrès sur la voie de la déconnification (oups !).
J'ai rêvé avec certains FF\
d'une Loge idéale dépourvue de toute tare, constituée de FF\
d'esprit ouvert, désireux de progresser, pas forcément immensément cultivés,
mais riches de coeur et d'esprit.....
Mais que nul ne s'inquiète, si les
moments de découragement existent, ils ne sont que passagers, et la lutte
contre la connerie se poursuit ! Car si nous croyons sincèrement dans notre
démarche, il ne peut en être autrement... la résignation ne fait pas partie
des vertus maçonniques.
"Moi, je vis mon quotidien au jour le jour" (Aziz, Loft
Story 2001)
Ilan Chojnow
Le Chantier des Imparfaits. Paris
Giordano Bruno. Saint Maur.