ESSAIMAGE ET FLEUR DE L'ÂGE, FONT-ILS BON MÉNAGE ?
A la fleur de l'âge, n'est-il pas sain de
tenter l'essaimage, et pour qui s'y engage, n'est-ce pas le gage d'un vrai
courage? Car la fleur de l'âge n'est pas un âge pour rester sage. Quel
gaspillage ce serait, à cet âge, de laisser son pucelage d'innocent maçon,
errer à la nage sur les flots sages de marécages où nul orage n'entraîne
plus le moindre frisson!
Oui mais vers quels rivages et pour
quels mirages de jeunes maîtres au tempérament volage fuient-ils avec armes et
bagages le quiet aréopage qui leur donna pourtant l'éclairage et leur transmit
le langage tandis qu'ils se pelaient -lent épelage- dans les frimas des
ombrages du Nord où un trop long apprentissage provoque le givrage des
neurones?
Quels sont donc les motifs
d'essaimage? Que nous révèlent à ce sujet les sondages?
Certains, qui essaiment à l'appel des hauts étages, rêvent de virages
à 33 degrés. De leur petit nuage, ils aspirent à davantage de
polissage et, naïf chipotage, à une spiritualité sans clivage ni
stériles chipotages, mais avec fort bourrage de mou divin. |
L'enfer - de Angelico |
D'autres qui en appellent au sauvetage du suffrage
républicain, procèdent dès le démarrage, au dégraissage de l'outillage
rituel, à l'élagage des colonnes, au dépavage du carré long, au gribouillage
du Livre, et s'adonnent au tricotage de nouveaux décors: une maille à la
croix, une maille à l'enfer!
Toutefois, ces essaimeurs, quels que soient leurs nouveaux
visages et quoi qu'ils envisagent, se retrouvent tous plein d'usages et de
raisons entre les deux piliers du Temple de Salomon, car comme le dit sans
verbiage ce vieil adage:
"Zakin et Boage sont les deux jumelles de la transe".
Il arrive parfois que les candidats à l'essaimage soient
pris en otage par de curieux équipages, spécialistes du chantage et du
persiflage qui entretiennent le chuchotage des Apprentis quand ils ne provoquent
pas le bavardage des compagnons. En effet, même ceux qui n'ont connu ni
l'outrage des marchandages, ni les blocages minoritaires, ni les ballottages
suicidaires, ils ont entendu causer… Malgré le secret de nos déballages,
combien de cafardages nous ont rapporté ces tiraillages, ces grippages, ces
accrochages et autres ferraillages qui sont l'apanage de ces adeptes du tirage
et du grattage dont on n'a qu'une hâte, qu'ils dégagent! Allez, bon
voyage!
Oui, c'est vrai, je m'emporte et j'enrage, mais plutôt que
j'enrage dans les parvis, hors du balisage sécuritaire qu'offre ces murs à nos
dérapages, ne vaut-il pas mieux que j'enrage dedans?
De dent, je n'en ai point contre mes frères, mais quel
saccage quand se retrouvent dans le cirage, victimes de ces enfantillages, ceux
qui, très fraternellement, espéraient avoir envie de faire la grimace aux
vieux singes... Euh... pardonnez ce grippage ! Je voulais dire : ceux qui
espéraient en vain faire ami grâce aux vieux sages !
Quel navrant cafouillage que ces castagnages, ces lynchages
dignes d'anthropophages, ces querelles si sauvages que la chambre du Milieu, sur
l'épandage du tertre encore fumant des restes du carnage, doit procéder au
partage des os qui garniront les reliquaires et sarcophages, à l'image des
fémurs et du crâne de celui dont les Arts et l'Amitié conservent les
ossements, je veux parler d'Anicet, cette victime du dernier guillotinage.
Gémissons aux empaillages qui préludent alors au dépeçage
du magot que le tronc d'une veuve sans visage a rassemblé pendant son long
veuvage sans jamais dévoiler, c'est la règle -et sa liberté- la moindre
blancheur d'un sein caché sous un hypothétique corsage. Dommage!
Pardonnez cette allégorie lascive, témoignage à mon âge,
d'un libertinage osé, osé, osé, mais qui me permet ce passage du coq à
l'âne, je veux dire du coq à la femme, non pas à la femme de ménage, mais à
la femme qu'on ménage, la femme moderne libérée du servage. On ne peut en
effet passer sous silence, au risque d'être accusé d'escamotage, ce dernier
motif d'essaimage qui amène hélas... - et je n'insisterai pas ici sur le rôle
fatal de la femme dans la guerre de Troie- qui amène hélas, disais-je, au
naufrage de nos traditions et dont on fait le plus grand battage, je veux parler
du mixage!
Ah ! Le mixage ! Selon des colportages qui ne sont sans doute
que d'affreux commérages, il semblerait que le mixage soit un lieu de
brouillages et de crêpages, de pelotages et de tripotages, de dragages et de
couchages, et autres formes de dévergondages tels que cet héritage qui nous
viendrait du Moyen-Âge : le droit de cuissage sur le nouvel arrivage !
Mais tout ceci nous éloigne de l'amour vrai, l'amour qui
devrait guider tout essaimage. A la fleur de l'âge, quel bel âge pour
essaimer, pour butiner, pour fleureter !
Mais flirter, est-ce aimer ?