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LE Q.I., COEFFICIENT INITIATIQUE

       En 1799, après la tourmente révolutionnaire, la G L dite de Clermont qui s'était opposée 25 ans plus tôt a la création du GODF, fusionne enfin avec ce dernier, marquant le regroupement de la maçonnerie française.
      S'accomplit alors un travail d'organisation et de régularisation qu'illustre cette synthèse remarquable des usages maçonniques, écrite par Roettiers de Montaleau en 1801, connue sous le nom de "Régulateur du maçon", et qui s'efforce de préserver et de valoriser le fond "moderne" des Spéculatifs de 1723, de mettre un peu d'ordre dans le paysage interobédienciel et d'élaborer des équivalences entre les grades des rites qui avaient envahi le champ maçonnique. En effet, depuis 1756, date de l'émancipation de la GL anglaise de France, l'anarchie des rites et des grades avait conduit certaines pratiques initiatiques a transformer la singularité du message maçonnique en théories pseudo modernistes, à réduire le langage traditionnel en sabir folklorique, à détruire enfin les vertus didactiques des figurations symboliques. Certains même, mêlant l'Art Royal au commerce des esprits attribuaient aux symboles des pouvoirs mystérieux relevant d'une mystique proche de la mystification.

       Il devenait donc indispensable d'établir des critères de qualité et de reconnaissance, des modèles de référence, des canons maçonniques qui fussent irréfutables. C'est ainsi qu'en 1813, le F Algebrel, mathématicien notoire, parvint à mettre en équation la valeur initiatique des membres de l'Ordre.

       L'équation conçue par le F Algébrel, présentée pour la première fois au Convent du GODF dans une planche intitulée "garde-fous pour grades fous", établissait une relation arithmétique entre la lumière initiatique, L.I. : LI, posée en numérateur et le "Logos Oriental", L.O. : LO, posé en dénominateur, c'est-à-dire le rapport existant entre d'une part l'éclat lumineux qui frappe l'initié, éclat pouvant aller jusqu'a l'éblouissement, voire même jusqu'a la cécité, et d'autre part les déterminations de l'initié en son moi original vers une vérité transcendantale pouvant aller jusqu'a la conjonction de son être divin avec l'incognicible, voire même jusqu'a se perdre dans les nuages de son propre délire.

       D'ailleurs très vite, au vocable de Logos Oriental on a substitué celui plus significatif de logorrhée, pathologie caractéristique de la montée en grade, dénominateur commun aux "Grands Initiés"... de l'époque !
Quand on analyse le rapport LI/LO, on constate qu'avoir un bon LILO, un LILO proche de l'unité, c'est être parvenu a l'équilibre presque parfait entre le LI et le LO, entre le lumineux et l'abscons, entre le vrai et le discours, quel que soit par ailleurs- et c'est la l'intérêt du LILO- le degré atteint sur l'échelle de la perfection.
      à titre d'exemple, un petit LI, c'est-à-dire une petite connaissance, implique un petit LO, c'est dire une faible production imaginative et verbale. Un tel LILO est typiquement celui d'un excellent apprenti. Mais combien de profanes, hélas, arrivent a l'initiation avec un beau petit LO dans un trop grand LI !

      Par la suite, lorsque le maçon acquiert de plus amples connaissances, que son LI grossit, son verbiage devient plus riche, son discours plus dense, son vocabulaire plus fourni, et son LO s'accroît donc également. Et c'est le lot (L.O.T.) des plus jeunes de devoir supporter, disons tolérer, le LO, L.O. des anciens !
      Un maçon qui avance en grade se doit naturellement de conserver un bon rapport LILO. Qu'il en vienne, avec l'âge, à s'oublier, et son conscient, son LI, déborde, se noie dans le flot de son incontinence. On dit alors que son LI prend LO.

      Plus tard, quand en 1877 prend fin I"'Ordre Moral", la République renaissante des "petits pères Combes" conduit le GO à l'abandon du GADLU ; et au Grand Collège, on s'inquiète de l'influence politique et partisane qu'exerce l'Obédience sur les ateliers.
      Le T I F Barème, 33ème, conçoit alors un coefficient applicable à chaque degré du rite, un coefficient K capable de mesurer les poids relatifs de l'Atelier A et de l'Obédience O dans le bagage initiatique des FF des loges bleues. Ce coefficient K, fonction de A et de O, en abrégé KAO, était calculé au moyen de tests dits "tests psycho syncrétiques" qui ont de toute évidence inspiré les tests psychotechniques utilisés aujourd'hui dans le calcul du Quotient Initiatique.

Voici à titre d'exemple, deux questions type de test de KAO :

1° question, du niveau d'apprenti, chargée de révéler chez le novice, les parts qu'il réserve respectivement à l'universel et au conjoncturel :
- De tous ces sigles maçonniques, quel est celui qui a le plus d'avenir ?
CLIPSAS
LUF
GLISRU
GADLU

2° question :
- Parmi cette liste de noms, cherchez l'intrus :
CAGLIOSTRO
DE PASQUALY
ROSENKRUS
TAXIL

C'est assez de dérision direz-vous ! 
Soit !

       Mais je n'ai pas de meilleur outil que l'humour pour échapper à la menace (imaginaire) d'un ratio qui viendrait quantifier l'impalpable et normaliser l'irrationnel.
       L'humour n'est-il pas l'un des rares moyens, non pas d'échapper aux jaugeages et aux toisages, mais de dérégler la froide mécanique des appareils de mesure, comme d'amener par exemple la règle graduée à se gondoler, de faire pouffer la fausse équerre et de voir s'étaler le compas compassé en un facétieux grand écart ?

       Car la menace n'est peut-être pas aussi imaginaire que cela de se retrouver notés, mesurés, cotés. La tentation est grande en effet de valoriser les degrés initiatiques autrement que par le grade, puisqu'il semble bien que le grade ne fasse pas forcément l'initié. 

       C'est alors le QI qui permettrait de distinguer "les meilleurs de la maçonnerie, ceux qui le mieux travaillent et le mieux se calibrent aux autres hommes". 
       Des autorités -compétentes- seraient désignées pour faire passer les examens d'évaluation d'un Q.I. calculé d'après des grilles secrètement élaborées par un aréopage d'initiés, de "vrais" initiés, il va sans dire...

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Dernière modification : 22 décembre 2010