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PIÈCES ET SAYNETES à PLUSIEURS PERSONNAGES

  1. GALU IMPERATOR

  2. à QUELLE VEUVE LE TRONC ? 

GALU IMPERATOR

Tous les rôles ne sont pas fictifs... Mais allez donc y mettre des noms !

 

 

ou     Bal et Masques  

Librement inspiré de Ubu Roi d’Alfred Jarry.

DRAME EN CINQ ACTES


Personnages principaux : Père Galu (Ubu), Secretin Gibé (un attache case à la main ou un dossier sous le bras), Imperator Ghelas (une couronne sur le crâne), Madame de l’Imperator (robe GLFF), capitaine Galabotte (un képi sur le crâne), Bouffas, (coiffe de bouffon) Figurants ou rôles secondaires : Jacquinas, Bouffas, Hans Enoch, l’Ombre, Ben Ericsson, Le Grand hemostatique et son Collège, le capitaine du bateau, Les Officiers, Les Masques, les Servants, les Obligés et Conjurés, les Hérétifs, les Baffres.  

ACTE 1

Scène 1
Père Galu et son Secretin Gibé

PÈRE GALU. - Merdre !
SECRETIN GIBÉ.- Oh ! Voilà du joli, Père Galu, vous êtes un grand voyou.
PÈRE GALU.- Que ne vous maillet-e-je, Secretin Gibé !
SECRETIN Gibé. - Ce n’est pas moi, Père Galu, c’est un autre qu’il faudrait mailletter.
PÈRE GALU.- De par ma grande cuillère, je ne comprends pas.
SECRETIN GIBÉ. - Comment Père Galu, vous êtes content des impératifs de votre destiné ?
PÈRE GALU. - De par ma grande cuillère, merdre, Secretin Gibé, certes oui je suis content. On le serait à moins. Ne suis-je pas Chantepleure [i] des Pakas  [ii], officier de confiance de l’Imperator, décoré de l’Aigle rouge d’Écosse et ancien Grand Second des Frimassons ? Que voulez-vous de mieux ?
SECRETIN GIBÉ. - Comment ! Après avoir chaperonné le Grand Frimasson vous vous contentez de mener quelques colonnes d’estafiers armés de règles coupe-jarrets, quand vous pourriez faire succéder sur votre coiffe la couronne d’Écosse aux lauriers des Frimassons ?
PÈRE GALU. - Ah ! Secretin Gibé, je ne comprends rien de ce que tu dis. De par ma grande cuillère, l’Imperator est encore bien installé ! Et même en admettant qu’on le démolisse, n’a-t-il pas des légions de Chevaliers Servant ?
SECRETIN GIBÉ. - Qui t’empêche de virer tous les Chevaliers et de prendre la place ?
PÈRE GALU. - Ah ! Secretin Gibé, vous me faîtes injure et vous allez passer sur l’heure par l’épée.
SECRETIN GIBÉ. - Eh ! Pauvre malheureux, si je passais par l’épée, qui te passerait les coussins rehausseurs ?
PÈRE GALU. - Eh vraiment ! Et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
SECRETIN GIBÉ. - À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment ton pouvoir de nuisance, manger fort souvent de l’andouille et fumer des cigares [iii].
PÈRE GALU. - Si j’étais Imperator, je me ferais tailler une grande cape noire doublée d’hermine comme celle que j’ai vue chez les Hérétifs [iv]... 
SECRETIN GIBÉ. - Tu pourrais aussi te procurer une grande balayette et un ventilo qui te donnerait l’air...
PÈRE GALU. - Ah ! Je cède à la tentation. Bougre de merdre, merdre de bougre, si jamais je rencontre l’Imperator à la porte du Septentrion, je lui pète un boulon... Et puis non ! Moi Chantepleure des Pakas, détrôner Salomon ! Plutôt mourir !
SECRETIN GIBÉ. - (à part) - Oh ! Merdre ! (Haut) Ainsi tu vas rester Masque [v] comme un apprenti, Père Galu ?
PÈRE GALU- Ventrebleu de logebleu, de par ma grande cuillère, j’aime mieux être Masque comme un petit et brave apprenti que grande Fiole comme un gras et méchant contremaître.
SECRETIN GIBÉ - Et la cape doublée d’hermine ? Et la grande balayette ? Et le ventilo ?
PÈRE GALU - Et après, Secretin Gibé ? (Il s’en va en claquant la porte)
SECRETIN GIBÉ. - (seul) Prout, merdre, il a été dur à la détente, mais prout, merdre, je crois pourtant l’avoir ébranlé. Grâce à Dieu et à moi-même, peut-être dans huit jours serai-je le premier Secretin d’Écosse. 
 
Scène 2
Père Galu, Secretin Gibé, capitaine Galabotte

PÈRE GALU. - Eh bien, capitaine Galabotte, avez-vous bien dîné ?
CAPITAINE GALABOTTE. - Fort bien, Père Galu, sauf la merdre.
PÈRE GALU. - Galabotte, je suis décidé à te faire Surpuissant Grand Chevalier du Temple de l’Étang de Verre !
CAPITAINE GALABOTTE. - Comment le pouvez-vous, je vous croyais simple Masque, Père Galu.
PÈRE GALU. - Dans quelques jours, si tu veux, je règne sur l’Écosse.
CAPITAINE GALABOTTE. - Vous allez démolir l’Imperator ?
PÈRE GALU. - ( à part) Il n’est pas bête, le bougre, il a deviné.
CAPITAINE GALABOTTE. - S’il s’agit de démolir l’Imperator, j’en suis. Je suis son mortel envieux et je réponds de mes partisans.
PÈRE GALU. (Se jetant sur lui pour lui donner l’accolade) - Oh ! Oh ! Je t’aime, Galabotte.
CAPITAINE GALABOTTE. - Eh ! Vous empestez l’ail, Père Galu. Ne vous lavez vous jamais les dents ?
PÈRE GALU. - Rarement.
SECRETIN GIBÉ. - Jamais !
PÈRE GALU. - Je vais t’écraser les doigts de pieds.
SECRETIN GIBÉ. - Grosse merdre !
PÈRE GALU. - Allez, Capitaine, j’en ai fini avec vous. Mais, par ma grande cuillère, je jure sur Secretin Gibé de vous faire Grand Chevalier du Temple de l’Étang de Verre. (Ils sortent) 
 
Scène 3
Père Galu, Secretin Gibé, un messager

PÈRE GALU. - Toi, que me veux-tu ? Fiche le camp, tu me fatigues.
MESSAGER. - Illustre Masque, vous êtes appelé par l’Imperator. (Il sort)
PÈRE GALU. - Oh ! Merdre, jarnilogebleu, de par ma grande cuillère, je suis découvert, je vais être radié ! Hélas ! Hélas ! Hélas ! Oh ! J’ai une idée : je dirai que c’est le Secretin Gibé et Galabotte.
SECRETIN GIBÉ. - Ah ! Gros Père Galu si tu fais ça...
PÈRE GALU. - Eh ! J’y vais de ce pas. (Il sort)
SECRETIN GIBÉ. (Courant après lui) - Oh ! Galu, Père Galu, je te commanderai de l’andouille... et des cigares. (Il sort)
PÈRE GALU. (En coulisse) - Oh ! Merdre ! Tu en es une fière, d’andouille.  


ACTE 2


 
Scène 1 : La salle du Grand Conseil
Imperator Ghelas, entouré de ses Masques ;  Galabotte ; les Officiers Bouffas, Jaquinas, Bouffas. Puis Galu.


PÈRE GALU. (Entrant) - Oh ! Vous savez, ce n’est pas moi, c’est mon Secretin Gibé et Galabotte.
L’IMPERATOR. - Qu’as-tu Père Galu ?
CAPITAINE GALABOTTE. - Il a trop bu.
L’IMPERATOR. - Père Galu, je tiens à récompenser tes nombreux services comme Chantepleure des Pakas, et je te fais aujourd’hui Grand Inquisiteur.
PÈRE GALU. - Ô Imperator Ghelas, je ne sais comment vous remercier.
L’IMPERATOR. - Ne me remercie pas, Galu, et trouve-toi demain matin à la grande tenue.
PÈRE GALU. - J’y serai, mais acceptez, de grâce, ce petit mirliton ; (il présente à l’imperator un mirliton)
L’IMPERATOR. - Que veux-tu à mon âge que je fasse d’un mirliton ? Je le donnerai à Bouffas, le Maîtres des Gausseries.
BOUFFAS. - Est-il bête, ce Galu !
PÈRE GALU. - Et maintenant, je vais foutre le camp. (Il rate les 3 marches et tombe en se retournant) Oh ! Aïe ! Au secours ! De par ma grande cuillère, je me suis rompu l’intestin et crevé la bouzine !
L’IMPERATOR. (Le relevant) - Père Galu, vous êtes vous fait mal ?
PÈRE GALU. - Oui certes, et je vais sûrement crever. (Il sort) Oui mais, Ghelas, tu n’en seras pas moins destitué.

Scène 2 : La salle humide de Galu.
Père Galu, Secretin Gibé, capitaine Galabotte, Obligés et Conjurés.

PÈRE GALU. - Eh ! Mes bons amis, il est grand temps d’arrêter le plan de conspiration. Que chacun donne son avis. Je vais d’abord donner le mien, si vous le permettez.
Capitaine Galabotte. - Parlez, Père Galu.
PÈRE GALU. - Eh bien, mes amis, je suis d’avis d’empoisonner simplement l’imperator en bourrant d’hilare son rituel. Quand il voudra dégoiser, il sera pris de pouffe et nous pourrons en séance le débiner. Il tombera, destitué, et je serai Imperator.
TOUS. - Fi, le sagouin !
PÈRE GALU. - Eh quoi ! Cela ne vous plaît pas ? Alors que Galabotte donne son avis !
CAPITAINE GALABOTTE. - Moi, je suis d’avis de lui ficher un grand coup d’équerre sur le blaire qui lui fendra la poire.
TOUS. - Oui ! Voilà qui est noble et vaillant.
PÈRE GALU. - Et s’il vous donne des coups de pied ? Je me rappelle maintenant qu’il a pour les tenues des souliers ferrés pour frapper le pavé... (Il prend peur) Si je savais, je filerais à l’anglaise. De la sorte, Galabotte, tu te charges de fendre la poire à l’Imperator.
CAPITAINE GALABOTTE. - Ne vaudrait-il pas mieux nous jeter tous à la fois sur lui en rigolant et en braillant ? Nous aurions chance ainsi d’entraîner les plus timorés.
PÈRE GALU. - Alors voilà. Je tâcherai de lui glisser une vanne, il se raidira, alors je lui dirai : « on peut plus rigoler ? Merdre ! » Et à ce signal vous vous jetterez sur lui.
SECRETIN GIBÉ. - Oui, et dés qu’il sera pris d’hilarité, nous le destituerons.
CAPITAINE GALABOTTE. - Et j’interdirai avec mes partisans la fuite des Masques et des Officiers légitimistes.
PÈRE GALU. - Oui, et je te recommande le jeune Bouffas. (Ils sortent)
PÈRE GALU. (Courant après les Obligés et Conjurés et les faisant revenir) - Messieurs, nous avons oublié l’essentiel, il faut me prêter serment d’obéissance.
CAPITAINE GALABOTTE. - Et comment faire ? Nous n’avons pas de Livre.
PÈRE GALU. - Maraud ! Coquin ! Je vais t’en fiche, moi, des Écritures.
TOUS - La peste soit des écrits !
PÈRE GALU. - Ainsi vous me jurez obéissance ?
TOUS. - Oui, nous le jurons. Vive le Père Galu !  

Scène 3 : La salle du Grand Conseil
Imperator Ghelas, madame de l’Imperator, Jacquinas et Bouffas. 

L’IMPERATOR. - (s’adressant à Bouffas) Maître des Gausseries, vous avez été ce matin fort impertinent avec le Père Galu Chevalier de mes Ordres et Grand Inquisiteur. C’est pourquoi je vous défends de paraître à la Grande tenue, à moins que je ne reçoive de vous des excuses écrites.  
MADAME DE L’IMPERATOR. - Cependant Ghelas, vous n’auriez pas trop de tous vos amis pour vous défendre.
L’IMPERATOR. - Madame, je ne reviens jamais sur ce que j’ai dit. Et que deviendrait la Hiérarchie si nous la livrions à l’impertinence ?
BOUFFAS.- Je vous obéis, Illustre Imperator.
MADAME DE L’IMPERATOR. - Enfin, mon ami, êtes-vous toujours décidé à aller à cette tenue ?
L’IMPERATOR. - Pourquoi non, madame ?
MADAME DE L’IMPERATOR. - Mais, encore une fois, ne l’ai-je pas vu en songe vous frappant de sa grande cuillère et vous jetant dans les braises, et l’aigle bicéphale comme celui qui figure au dos de votre blouson noir lui plaçant la couronne d’Écosse sur la tête ?
L’IMPERATOR. - A qui ?
MADAME DE L’IMPERATOR. - Au Père Galu !
L’IMPERATOR. - Quelle folie ! Ce Père Galu est un fort bon Chevalier qui se ferait tirer à quatre chevaux pour mon service.
MADAME DE L’IMPERATOR et BOUFFAS. - Quelle erreur !
L’IMPERATOR. - Taisez-vous, jeune bouffon. Et vous, madame, pour vous prouver combien je crains Père Galu, je vais aller en tenue comme je suis, sans poignard ni épée.
MADAME DE L’IMPERATOR. - Fatale imprudence, je ne vous reverrai plus en vos brillants décors.
L’IMPERATOR. - Venez, Bouffas. Venez, Jacquinas. (Ils sortent)  

Scène 4 : Les parvis de la salle du Grand Conseil
Les Chevaliers servants, l’Imperator, Bouffas, Jacquinas, Galu, Secretin Gibé, Capitaine Galabotte et ses Baffres, Obligés et Conjurés. 

L’IMPERATOR. - Illustre Père Galu, venez près de moi avec votre Secretin Gibé. Préparons nous à entrer. 
PÈRE GALU. - (Aux siens) Prêtez attention, vous autres. (À l’imperator) On y va, Très Illustre Imperator, on y va (Les obligés de Galu entourent l’imperator)
L’IMPERATOR. - Ah ! Voici vos porteurs d’attaché-case... Ils sont fort bien rasés, ma foi.
PÈRE GALU. - Vous trouvez ? Ils me paraissent misérables. Regardez celui-ci. (À l’un des Obligés) Depuis combien de temps n’as-tu pas lavé tes gants, ignoble drôle ?
L’IMPERATOR. - Mais ce Baffre est fort propre. Qu’avez-vous, Père Galu ?
PÈRE GALU. - Mais quoi ! On peut plus rigoler ?
L’IMPERATOR. - Mais si, Galu ! Que tu es drôle ! Ah ! Ah ! Ah !
PÈRE GALU. - Merdre ! A moi, mes Baffres !
CAPITAINE GALABOTTE. - Hurrah ! Hurrah ! Hurrah ! En avant ! (Tous chatouillent l’imperator)
L’IMPERATOR. - Oooh ! Aaah ! Hiii ! Je suis mort.
JACQUINAS. (À Bouffas) - Qu’est cela ?
BOUFFAS. (À Jacquinas) - Une rise-à-mort !
PÈRE GALU. - Ah ! J’ai la couronne ! Aux autres maintenant.
CAPITAINE GALABOTTE. - Sus aux traîtres !
(Tous s’enfuient, les Conjurés les poursuivent en riant.)  


ACTE 3


Scène 1
Madame de l’Imperator et Bouffas. (La porte est défoncée) Père Galu (et les forcenés pénètrent) 

PÈRE GALU. - Eh ! Bouffas, je vais te casser la tête.
BOUFFAS. - Rigole encore Galu !
PÈRE GALU. - Rends toi, Bouffas !
MADAME DE L’IMPERATOR. - Tenez bon, Bouffas, tenez bon !
PLUSIEURS. (Avancent) - Bouffas, nous te promettons un procès juste.
BOUFFAS. - Chenapans, faux derches, cordonneux !
PÈRE GALU. - Oh ! Je vais bien en venir à bout tout de même !
BOUFFAS. - Ne me touche pas ! Sauvez-vous madame par l’escalier secret.
MADAME DE L’IMPERATOR. - Et vous, mon ami ?
BOUFFAS. - Je vous suis.
PÈRE GALU. - Tâchez d’attraper la dame de l’imperator. Ah ! La voilà partie. Quant à toi, misérable... (Il s’avance vers Bouffas)
BOUFFAS- Par Saint Jean des Casses ! Voilà ma vengeance ! mes derniers pamphlets. (Il lui jette au front son dernier pamphlet et disparaît par l’escalier secret)  

Scène 2 : Une caverne dans les montagnes.
Le jeune Bouffas entre, suivi de Madame de l’Imperator.

 
BOUFFAS. - Ici, nous serons en sûreté.
MADAME DE L’IMPERATOR. - oui, je le crois ! Bouffas, soutenez-moi !
BOUFFAS. - Ha ! Qu’avez-vous Madame ?
MADAME DE L’IMPERATOR. - Je suis bien lasse, Bouffas. Je n’ai plus que jusqu’à minuit à vivre.
BOUFFAS.- Quoi ? Le Rite vous a-t-il pris, vous aussi ?
MADAME DE L’IMPERATOR. - Comment voulez-vous que je résiste à ces trois coups ? L’Imperator destitué, son Conseil de Masques détruit, et vous, représentant de la parole qui ait jamais été perdue, forcé de vous enfuir dans les montagnes au risque que la mort ne vous surprenne en chemin.
BOUFFAS. - Et par qui ? Un vulgaire Père Galu, aventurier sorti on ne sait d’où, vile crapule, vagabond honteux ! Et quand je pense que votre époux l’Imperator l’a décoré et fait Grand Inquisiteur et que le lendemain ce vilain n’a pas eu honte de le faire mourir de rire.
MADAME DE L’IMPERATOR. - Ô Bouffas ! Quand je me rappelle combien nous étions sereins avant l’arrivée de ce Père Galu ! Et l’ingratitude de mon époux à votre égard Bouffassss... Ahhhh... !
BOUFFAS. - Eh ! Qu’avez-vous ? Elle pâlit, elle tombe. Au secours ! Son cœur ne bat plus. Est-ce possible ? Encore une victime de Galu ! (Il se cache la figure dans les mains et pleure).
Ô ! Qu’il est triste de se voir seul à vingt sept ans accomplis avec une vengeance terrible à poursuivre ! (Il tombe en proie au plus violent désespoir). (Pendant ce temps, les Âmes de Jacquinas, de Ghelas, de Madame de l’Imperator entrent dans la grotte, leurs ancêtres vénérés qui-la-formaient-hier les accompagnent et remplissent la grotte. Le plus vieux s’approche de Bouffas et le réveille doucement.) 
BOUFFAS. - Eh ! Que vois-je ? ... par quel prodige ?
L’OMBRE. - Apprends, Bouffas, que j’ai été pendant ma vie le Max Puissant Max Souverain Max Imperator de cette maison, celui qu’on cite et qui excite. Au reste, je te donne le soin de notre vengeance. (Il lui donne une plume et un encrier) Et que cette plume assassine que je remets entre tes mains n’ait de repos que lorsqu’elle aura touché au cœur l’usurpateur ! (Tous disparaissent et Bouffas reste seul, dans l’attitude de l’extase.) 

Scène 3 : La grande salle du Conseil
Père Galu, Secretin Gibé, Capitaine galabotte.

PÈRE GALU. - Non ! Je ne veux pas, moi ! Voulez-vous me ruiner pour ces Baffres ?
CAPITAINE GALABOTTE. - Mais enfin, Père Galu, ne voyez-vous pas que vos Obligés attendent le don de joyeux avènement ?
Secretin Gibé. - Si tu ne distribues pas le produit des troncs et des cordons, tu seras renversé d’ici deux heures.
PÈRE GALU - Des cordons, oui ! Des briques, non ! Je ne lâcherai pas un sou.
Secretin Gibé. - Quand on a entre les mains tous les trésors des Grands Écossais...
CAPITAINE GALABOTTE. - Oui, nous savons qu’il y a dans la caisse un immense magot. Nous le distribuerons !
PÈRE GALU. - Misérable, si tu fais ça !
CAPITAINE GALABOTTE. - Mais, Père Galu, si vous ne faîtes pas de distributions, vos Obligés ne voudront plus payer la capitation.
PÈRE GALU. - Est-ce bien vrai ?
Secretin Gibé. - Oui ! Oui !
PÈRE GALU. - Oh ! Alors, je consens. Réunissez tous les cordons possibles, mais dissimulons les veuves et leurs troncs ! (Ils sortent)  

Scène 4 : Les parvis du Grand Conseil encombrés d’Obligés et de Conjurés. Père Galu (couronné), Secretin Gibé, capitaine Galabotte, Servants chargés de cordons et de sautoirs.

Obligés et CONJURÉS. - Voilà l’imperator Galu ! Vive Galu ! Hurrah !
PÈRE GALU. (Jetant les cordons) - Tenez, voilà pour vous.
CAPITAINE GALABOTTE. - Vois, Gibé, s’ils se disputent les cordons. Quelle bataille !
Secretin Gibé. - Comme c’est horrible. Pouah ! En voilà un qui a le crâne fendu.
PÈRE GALU. - Quel beau spectacle ! Amenez d’autres cordons.
Secretin Gibé. - Si nous organisions une course ?
PÈRE GALU. - Oui c’est une idée. (Aux Obligés et Conjurés) Mes Baffres, vous voyez cette caisse de cordons et de sautoirs, elle contient tout ce que vous avez toujours convoité. Que ceux qui veulent courir se mettent au bout du parquingue. Vous partirez quand j’agiterai le chef et le premier arrivé aura la caisse. Quant à ceux qui ne gagneront pas, ils auront comme consolation cette autre caisse de cotillons qu’on leur partagera.
TOUS. - Oui ! Viva, semper viva Galu ! Quel bon Imperator ! On n’en voyait pas tant du temps de Ghelas.
PÈRE GALU. (À Gibé) - Écoutes-les ! (Ils vont tous se ranger au bout du parking)
PÈRE GALU. - Une, deux, trois ! Y êtes-vous ?
TOUS. - Oké ! Oké ! Oké !
PÈRE GALU. - Partez ! (Ils partent en se culbutant. Cris et tumulte)
CAPITAINE GALABOTTE. - Ils approchent ! Ils approchent !
PÈRE GALU. - Eh ! Le premier perd du terrain.
SECRETIN GIBÉ. - Non, il regagne maintenant.
CAPITAINE GALABOTTE. - Oh ! Il perd, il perd ! Fini ! C’est l’autre !
TOUS. - C’est Ben Ericsson ! Vive Ben Ericsson !
Ben ericSson. -Très Illustre Imperator d’amour, je ne sais comment remercier Votre Impérature.
PÈRE GALU. - Oh ! Gary, ce n’est rien. Emporte la caisse chez toi ; et vous, partagez-vous les cotillons jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus.
TOUS. - Vive Ben Ericsson ! Vive l’Imperator Galu !
PÈRE GALU. - Et vous mes amis, venez dîner ! Je vous ouvre aujourd’hui les réserves du Servant, veuillez faire honneur à ses munitions !
Obligés et Conjurés. - Entrons ! Entrons ! Buvons ! Vive l’Imperator Galu !
(Ils entrent dans la salle humide. On entend le bruit de l’orgie qui se prolonge jusqu’au lendemain. La toile tombe.)  


ACTE 4


Scène 1 : Palais de l’Imperator Père Galu, Secretin Gibé
 
PÈRE GALU. - De par ma grande cuillère, me voici Imperator du Grand Rite d’Écosse, je me suis déjà flanqué une indigestion d’andouille et on va m’apporter ma grande cape noire doublée d’hermine.
Secretin Gibé. - En quoi est-elle, Galu ? Car nous avons beau être Illustre, il faut être économe si l’on veut fumer des cigares.
PÈRE GALU. - Secretin Gibé, elle est en peau de mouton avec une agrafe et des brides en peau de chien. Comme c’est beau d’être Imperator !
Secretin Gibé. - Nous en devons une grande reconnaissance au Surpuissant Chevalier du Temple de l’Étang de Verre.
PÈRE GALU. - Qui donc ?
Secretin Gibé. - Eh ! Le capitaine Galabotte.
PÈRE GALU. - De grâce, Gibé, ne me parle pas de ce Baffre. Maintenant que je n’ai plus besoin de lui, il peut bien se brosser le ventre, il n’aura point son Étang de Verre.
Secretin Gibé. - Tu as grand tort, Galu, il va se tourner contre toi.
PÈRE GALU. - Oh ! Je le plains bien, ce petit lèche, je m’en soucie autant que Bouffas.
Secretin Gibé. - Crois-tu en avoir fini avec Bouffas ?
PÈRE GALU. - Étui à balayette, évidemment ! Que veux tu qu’il me fasse, ce petit rigolo qui a tout juste 27 ans ?
Secretin Gibé. - Père Galu, fais attention à ce que je te dis. Crois moi, tâche de t’attacher Bouffas par des bons mots.
PÈRE GALU. - Des bons mots ? Ah ! Non, du coup ! Je ne tolère que la langue de bois.
Secretin Gibé. - Fais à ta tête, Galu, il t’en cuira.
PÈRE GALU. - Eh bien, nous cuirons tous les deux.
Secretin Gibé. - Écoute, encore une fois, je suis sûr que le jeune Bouffas l’emportera, car il a pour lui le bon droit.
PÈRE GALU. - Ah ! Saleté ! Le mauvais droit ne vaut-il pas le bon ? Ah ! Tu m’injuries, Gibé, en morceaux je vais t’éparpiller. (Gibé se sauve poursuivi par Galu qui brandit sa balayette)  

Scène 2 : Un modeste temple de Province. Plusieurs Baffres sont rassemblés.

UN BAFFRE. (Entrant.) - Apprenez la grande nouvelle. L’Imperator est mort, et le jeune Bouffas s’est sauvé avec Madame de l’Imperator dans les montagnes au risque que la mort ne les surprenne en chemin. De plus, Père Galu s’est emparé de la couronne d’Écosse.
UN AUTRE. - J’en sais bien d’autres. Je viens de la place du Tertre où l’on a arraché tous les acacias. J’ai vu emporter plus de trois cents Hérétifs et des Grands Juges et des Trésoriers dans un grand cénotaphe ; et il paraît qu’on va tripler les capitations et que Père Galu viendra lui-même faire circuler les troncs.
TOUS. - C’est abominable. Père Galu est un affreux sagouin.
UN BAFFRE. - Mais, écoutez : ne dirait-on pas qu’on frappe en traître à la porte du temple ?
UNE VOIX, (au dehors). - Logeguidouille ! Ouvrez, de par ma merdre, par Jean qui rit et Jean qui pleure ! Ouvrez, sabre à finances, corne finances, temples impies. Je viens encaisser les capitations ! (La porte est défoncée, Galu pénètre suivi d’une légion de grippe-sous.) 

Scène 3

PÈRE GALU. - Qui de vous est le plus capé ? (Un vieux Baffre s’avance) Comment te nommes-tu ?
LE VIEUX BAFFRE. - Hans Énoch.
PÈRE GALU. - Eh bien, logebidouille, écoute moi bien, sinon mes servants te coupent les oneilles. Mais vas-tu m’écouter enfin ?
HANS. - Mais votre illustre Sérénité n’a encore rien dit.
PÈRE GALU. - Comment, je parle depuis une heure ! Crois-tu que je vienne ici pour prêcher dans le désert ?
HANS. - Loin de moi cette pensée.
PÈRE GALU. - Je viens donc te dire, t’ordonner et te signifier que tu aies à produire et exhiber promptement ta finance, sinon tu seras démoli. Allons, mes Servants de finance, apportez les casques. (On apporte les casques)
HANS. - Illustre Imperator, nous ne sommes inscrits que pour dix tenues mensuelles, que nous avons déjà payées au Comité des Baffres, à la Sacafinance, au Conseil des Troncs, à la Mutuelle le la Veuve...
PÈRE GALU. - Dix tenues mensuelles ? Paresseux ! Vous travaillez trop peu. Travaillez plus pour payer plus, on est en crise. Casquez !
DES BAFFRES. - Nous ne pouvons. Nous avons déjà casqué.
PÈRE GALU. - Casquez ! Ou je vous pousse de ma balayette et vous cogne de ma grande cuillère ! Logeguidouille, Sacrelogebleu, je suis l’Imperator peut-être !
TOUS LES BAFFRES. - Ah ! C’est ainsi ? Aux armes !
PÈRE GALU. - En avant, Servants des Finances, accomplissez votre devoir. (Une lutte s’engage, le temple est détruit, les outils dispersés, et le vieil Hans Énoch s’enfuit dans la vallée au pas rapide de son chameau. Père Galu reste seul à ramasser le produit des troncs.)  


ACTE 4


Scène 1 : Le Conseil des Français
Le Grand Hémostatique et son Grand Collège, Galabotte

GRAND HEMOSTATIQUE. - C’est toi, infâme lécheur, qui a coopéré à la destitution de mon Équivalent Imperator d’Écosse Ghelas ?
GALABOTTE. - Très Illustre Hémostatique, pardonnez-moi, j’ai été entraîné malgré moi par le Père Galu.
GRAND HEMOSTATIQUE. - Oh ! L’affreux menteur. Enfin, que désires-tu ?
GALABOTTE. - Galu m’a démoli sous prétexte de conspiration, je suis parvenu à me déguiser et avec les mots de passe
que j’ai soutiré dans vos chapitres véreux, j’ai réussi à venir jusqu’à vous pour implorer votre gracieuse miséricorde.
GRAND HEMOSTATIQUE. - Que m’apportes-tu comme gage de ta soumission ?
GALABOTTE. - Mon épée de lécheur et l’ancien rituel des Écossais, taillé et rectifié.
GRAND HEMOSTATIQUE. - Je prends l’épée, mais par le Grand Régulateur, brûlez ce rituel, je ne veux pas devoir ma victoire à un fac-similé.
GALABOTTE. - Un des Supporters de Ghelas, le jeune Bouffas, est encore sur le Sentier Lumineux ; je ferai tout pour le blanchir de la noirceur que le Père Galu et son Secretin m’ont forcé à lui coller.
GRAND HEMOSTATIQUE. - Quel grade avais-tu dans les vallées d’Écosse ?
GALABOTTE. - Capitaine... Euh ! Non... Surpuissant Chevalier du Temple de Verre. C’est moi qui dirigeais le groupe des Partisans de l’Étang de Verre.
GRAND HEMOSTATIQUE. - C’est bien, je te nomme Chef des Reîtres, et gare à toi si tu trahis. Si tu me sers bien tu seras récompensé.
GALABOTTE. - Je ne sais faire que ça, Grand Hémostatique.
GRAND HEMOSTATIQUE. - C’est bien, disparais de ma présence. (Il sort)  
Scène 2 : La Grande salle du Conseil d’Écosse. Père Galu, Secretin Gibé, Officiers des Phynances.
PÈRE GALU. Mes Masques et Baffres, les travaux sont ouverts et tachez de bien écouter et de rester obéissants. D’abord, nous allons ouvrir le chapitre des Phynances, ensuite nous parlerons d’un petit système que j’ai imaginé pour gonfler les bourses des colonnes qui s’étiolent, mais que nous ferons casquer.
LE GRAND TRÉSORIER. - Fort bien, Père Galu.
PÈRE GALU. - Imperator Galu !
LE GRAND TRÉSORIER. - Imperator Galu, Père Galu !
PÈRE GALU. - Je vous disais donc que les Baffres plient sous le poids de nos Phynances. Mais pendant qu’ils plient, ils ne se dressent pas. Et les nouvelles taxes, Gibé, vont-elles bien ?
SECRETIN GIBÉ. - Point du tout. La taxe sur les démolitions n’a encore rien produit. Les radiés partent sans s’acquitter de leur dette.
PÈRE GALU.  (Un messager entre.) Allons bon, qu’a-t-il encore celui là ? Va t-en, sagouin, ou je te poche avec ma balayette.
SECRETIN GIBÉ. - Mais il a une lettre !
PÈRE GALU. - Lis-la. Dépêche-toi, ce doit être de Galabotte.
SECRETIN GIBÉ. - Tout justement. Il dit que le Grand Hémostatique l’a accueilli très bien, qu’il va réunir le Grand Collège pour rétablir Bouffas et que toi tu seras cassé.
PÈRE GALU. - Ho ! Ho ! Quoi ? Ce grand Corniaud d’Hémostatique ne me reconnaît plus ? Ne se souvient-il pas comment avec ma balayette j’ai soutenu son élection de Grand Frimasson ? Paris de merdre ! France Écosse... ça promettait pourtant ! Y’avait plus qu’à transformer l’essai. Qu’allons nous devenir à présent ?
SECRETIN GIBÉ. - Il n’y a qu’un parti à prendre, Père Galu.
PÈRE GALU. - Lequel, Secretin fidèle ?
SECRETIN GIBÉ. - La fuite !
PÈRE GALU. - Pas question, je suis un Galu coriace...
SECRETIN GIBÉ. - ça n’empêche pas de fuir comme un Horace. (Ils fuient)  


FINAL


Le pont d’un navire courant au plus près contre le Mistral. Sur le pont, Père Galu et toute sa bande. 

LE COMMANDANT. - Ah ! Quel pastis !
PÈRE GALU.- Il est de fait que nous filons avec une rapidité qui tient du prodige. Nous devons faire au moins un million de nœuds à l’heure, et des bons nœuds, ceux-ci. Il n’y a pas de mou comme dans la corde à nœuds à la houppe qui orne les temples d’Écosse. Il est vrai que nous allons vent arrière.
UN BAFFRE MATELOT. - Quel triste imbécile !
(Une risée couche brutalement le navire)
LE COMMANDANT. - Tout le monde sous le vent, bordez le foc !
PÈRE GALU. - Ah ! Mais non, par exemple ! Ne vous mettez pas tous du même côté ! C’est imprudent, ça.
UN OFFICIER. - Tu nous as toujours demandé d’être du même côté... le tien, Père Galu.
PÈRE GALU. - Oui ! C’est quand nous étions dans le vent, merdre !
LE COMMANDANT. - N’arrivez pas, serrez au près !
PÈRE GALU. - Si ! Si ! Arrivez. Je suis pressé, moi, d’arriver à Phocée ! Arrivez, entendez-vous ? C’est ta faute, brute de capitaine, si nous n’arrivons pas. Nous devrions être arrivés. Oh, oh, mais je vais commander, moi, alors. Parez à virer ! A Dieu vat ! Mouillez, virez vent devant, virez vent arrière. Hissez les voiles, serrez les voiles, la barre dessus, la barre dessous, la barre à côté. (Tous se tordent de rire.) (Mais le Mistral fraîchit).
LE COMMANDANT. - Amenez le grand foc, prenez un ris aux huniers !
PÈRE GALU. - Ah ! Voilà qui est bien. Descendez le froc et secouez le prunier.
(Plusieurs agonisent de rire.) (Une lame embarque.)
PÈRE GALU. - Oh ! Quel déluge ! C’est l’effet des manœuvres perverses que tu as ordonnées. Attends que nous soyons à terre, Capitaine de merdreux, et que je retrouve ma grande cuillère !
(Le vent se calme.)
BEN ERICSSON (le sautoir jauni par les dégueulis). - Ah ! Quel délice de revoir bientôt les vieux Baffres d’amour, le temple de la Belle Aride et le château d’If.
PÈRE GALU. - Eh ! Nous y serons bientôt. J’aperçois la Bonne Mère.
GALABOTTE. (Les poignets liés sur les épaules) - Et nous éblouirons nos Baffres de l’Étang de Verre des récits de nos aventures...
PÈRE GALU. - Oh ! Ça, n’y compte pas, Galabotte. Mais je te nommerai tout de même Grand Percepteur des Finances quand je t’aurai coupé les mains.
SECRETIN GIBÉ. - Ah ! Ciel enchanté !  Les Îles d’or ensoleillées et les rivages sans nuages, sans récifs ni Hérétifs...
BEN ERICSSON . - Oui, notre Pays d’amour, comme il est gentil et comme il est beau.
PÈRE GALU. - Ah ! Si beau qu’il soit il ne vaut pas l’Écosse. S’il n’y avait pas d’Écosse, il n’y aurait pas d’Écossais ! 

 

FIN

[i] Chantepleure : De par la forme d’entonnoir qui caractérise le couvre chef du titre.
[ii] Pakas : Désigne l’ensemble des Baffres alignés sur Phocée.
[iii] Voir Tintin : les cigares du pharaon.
[iv] Hérétifs : Secte de rétifs clanistes, déistes et mystiques.
[v] Masque : Traduction exotérique de : M.A.S.C. (Membre Actif du Suprême Conseil)

 

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A QUELLE VEUVE LE TRONC ?

 

Personnages : 
Salomon, Isis, Balkis (Reine de Saba), Madame Hiram mère.
Un récitant.

Le Récitant :
Vénérable Maître et vous tous mes Frères et Soeurs
D'obédiences diverses mais tous de bonnes mœurs
Vous ne manquez jamais lorsque le tronc circule
D'ajouter votre obole au modeste pécule
Qui ira à la Veuve apporter réconfort.
Savez vous qu'il s'agit d'un énorme trésor ?
Faisons si vous voulez la multiplication
130 247 Francs Maçons.
En France seulement, soulignons bien la chose.
En comptant à 10 Francs la pièce qu'ils déposent
Dans le tronc 20 fois l'an, cela nous fait en Francs
Vingt six Millions quarante neuf mille quatre cents.
Nous parlons là bien sûr de Francs lourds et nouveaux,
Ou si vous préférez 4 Millions d'Euros.
Ce fabuleux trésor constitue une manne
Qui vaut bien, en ces temps, qu'une veuve se damne.
Le bon roi Salomon, sage en son jugement,
En reçoit trois ce jour devant ce parlement.
Qui chacune prétend être la légitime
A qui doit revenir jusqu'au dernier centime
Le contenu des troncs, car elle est dans la m...
Et qu'il n'est pas question que cet argent se perde. 

Salomon :
Devant nous Salomon, comparaissent ce jour
Madame Isis, veuve Osiris l'astre du jour.
Elle vient de Memphis faire sa plaidoirie.
Veuve de Tyr, de la tribu des Nephtali,
Madame Hiram mère prétend nous réclamer
La somme qu'à son fils nous n'aurions pas payée.
La troisième dame enfin est Reine de Saba
Et se dit veuve aussi sous le prétexte bas
Qu'elle partagea la couche du regretté Hiram.
Vous avez la parole ; je vous écoute, Mesdames.

Isis :
Vous que l'on nomme ici les Fils de la Lumière,
De votre mère Isis vous pouvez être fiers.
Fidèle au souvenir de mon défunt époux
Que son frère découpa en de tout petits bouts,
Je travaille sans relâche à ce puzzle complexe.
J'en ai tous les morceaux : il me manque le sexe.
Rechercher des morceaux et sur l'eau et sur terre
N'est pas un tri marrant mais bien une galère.
D'autant que pauvre veuve ayant à charge Horus,
J'ai perdu mon argent avec de l'emprunt russe !
Il me manque un morceau de ce pauvre Osiris
Pour qu'il repose entier sur la terre de Memphis.
Donnez moi les moyens de continuer ma quête :
Envoyez moi l'argent de toutes les loges qui quêtent.

Le Récitant :
Pour rendre à Osiris tout' sa virilité
S'il faut payer, madame, une rente à l'année
De 4 Millions d'Euros, c'est un bien lourd tribut
Que ne justifient pas les plus beaux attributs.

Mme Hiram mère :
Chassez donc hors du Temple cette dame de Memphis.
Cet argent est à moi, car Hiram, c'est mon fils !
C'est moi qui l'ai conçu au cours d'un trie à Tyr.
Et mon si bel enfant, il a voulu partir,
Il a quitté sa mère, la laissant éplorée
Pour s'en aller construire des demeures sacrées.
Des Maîtres bâtisseurs j'ai conçu le premier,
Et tous les Francs Maçons me doivent un denier.
Nourrissant de mon lait cet enfant tant chéri,
Mon sein je l'ai donné à la Maçonnerie.

Le Récitant :
Cachez ce sein, madame, de l'innocent regard
Des Frères que réunissent l'Amitié et les Arts.
La mixité ici n'y est qu’occasionnelle
Et la soudaine vue d'une paire de mamelles,
Fut elle nourricière de leur bon Maître Hiram
Serait à l'origine d'un satané ramdam.  Balkis :
Mais faites donc la taire, cette folle hystérique.
Car c'est pour moi Balkis que Hiram à la trique
Mena ses ouvriers pour construire l'ouvrage
Qui devait à jamais traverser tous les âges.
Il l'a bâti pour moi, il l'a fait par amour
Et devant tous ici je le dis sans détour
Si vous vous réclamez porteur de sa mémoire,
A celle qu'il a aimé, offrez donc dès ce soir
Le fruit de vos efforts. Je saurai l'employer.
Toutes les grandes reines : Jeanne et Diane de Poitiers
Et dans la République les 2 veuves de Tonton
Ont pour leur bonnes œuvres une sort' de pension. Le Récitant :
Voilà bien un discours de grande courtisane !
D'abord elle se couche, ensuite elle pavane.
Il est temps maintenant, Salomon, de juger.
Notre tronc de la veuve, à laquelle l'octroyer ?  
Salomon :
Tu es très belle Iris, et tu es jeune encor.
Nul besoin de parure, diamant, argent ou or.
Au concours de beauté de la ville de Memphis,
Tu seras Miss Raïm ; et tu auras des fils
Qui dans les temps futurs toujours t'honoreront.
Pour ton seul souvenir, ils se réuniront.
Ne t'arrêtes pas ainsi ; continue ton voyage.
De l'argent pas besoin : je t'exclue du partage. 

Isis :
Voyager sans argent, il croit que c'est facile
Toujours faire la manche, et tendre la sébile.
Avec pour seul viatique mon très vieux passeport,
Je serai la madone de vos aéroports.

Salomon :
Et toi Balkis, saches que la noblesse
N'est pas uniquement une histoire de fesses.
Tu évoques le travail de tous les ouvriers
Crois tu que d'un salaire ils soient tous assurés ?
Tu seras reine, Balkis, la reine du reggae.
Le monde entier dansera sur l'air de Bob Marley.
Être de la jeunesse toujours l'inspiratrice,
Vaut mieux que de toucher une part des bénéfices.  

Balkis :
Et dire que pour me prendre le peu de la vertu
Qu'il me restait encore', à mes pieds je l'ai eu...
Déjà ne pas avoir ma part de la caillasse,
Mais penser que le tout est pour cette radasse.  

Salomon :
Te voilà donc debout, ô mère courageuse.
Mater Dolorosa, vouée au rôle de pleureuses.
Ô combien de Pieta devant les ossuaires,
Femmes du Kosovo, folles de Buenos Aires
Comme toi simplement veulent reconnaissance.
L'argent ne remplaça pas une éternelle absence.
Sache que ton fils est mort sans livrer son secret.
Garde le souvenir, sans demander de prêt. 

Mme Hiram mère :
Tu me parles de haut, car tu portes une paire
De gants qui te sépare d'un monde trop vulgaire.
Je n'aurai rien, mais moi, je peux te l'affirmer
Ton Temple, ta bâtisse, va bientôt s'écrouler. 
 
Le Récitant :
Salomon a coutume de trancher dans le vif.
Les voilà toutes trois payées au même tarif,
Et pour dire le vrai toutes trois éconduites.
Que va-t-il faire du Tronc : nous attendons la suite.  

Salomon :
Décidons maintenant que faire de ce pactole
Sans cesse alimenté, c'est vrai, par vos oboles.
Surtout que tout se sache, se fasse dans la clarté.
Ici pas d'argent sale au mont de piété.
Créons donc un principe, une veuve symbolique,
Ensuite qu'ils se débrouillent : la raison ils pratiquent.  

Le Récitant :
Et l'argent continue, chaque tenue de tomber.
Quel casse tête chinois que d'être trésorier.
Cinq mille ans que ça dure, que se posent les questions
A quoi est employé, à quoi sert ce pognon ?
Cependant vous mettrez votre main à la poche
La solidarité se donne sans reproches.
L'oeil de la veuve est là, au fond du Tronc tapi.
Il surveille, il attend, et nous, nous avons dit.

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Dernière modification : 22 juin 2010